Une féministe, oratrice et femme de lettres française née le 17 août 1828 à Paris et morte le 6 février 1894 dans le 17e arrondissement de Paris. Première femme initiée à la franc-maçonnerie en France, à la fin du XIXe siècle, elle est à l'origine de la création de l'ordre maçonnique mixte international « le Droit humain ».
Comme bien des femmes d’avant-garde de sa génération elle s’est émancipée, elle s’est battue. Elle a touché à la littérature, à la peinture, elle a été journaliste et conférencière.
Elle a écrit, et bien. Mais elle a fait plus : en étant la première femme initiée, elle a violé l’interdit posé aux origines de la maçonnerie par le pasteur Anderson (i) en ouvrant, à jamais, la franc-maçonnerie aux femmes.
Née dans une famille bourgeoise et fortunée, Maria acquiert une solide culture qui lui permettra de fonder son féminisme sur l’histoire, les mythes et la littérature. Mieux que cultivée, elle est érudite et cite les Pères de l’Eglise aussi bien que les philosophes grecs ou la pensée orientale.
La « femme de lettres » éclairée va évoluer et découvrir le féminisme. Elle anime La Société pour la revendication des femmes qui se bat pour le développement de l’enseignement féminin. Plus tard, elle contribue avec le franc-maçon Léon Richer, du Grand Orient de France, au premier Congrès International du Droit des Femmes.
Depuis le xviiieme siècle, le journalisme n’est plus réservé aux hommes. Comme George Sand, comme Delphine de Girardin, Maria collabore de façon régulière à différents journaux :
Le Grand Journal — L’Epoque — Le Nain Jaune ainsi qu’à la revue Le Droit des Femmes.
Elle crée même le journal La Libre Pensée de Seine et Oise.
Les idées républicaines de Maria, sa réputation d’oratrice séduisent les hommes politiques de l’époque, en particulier ceux acquis au féminisme.
C’est ainsi que, dès 1866, elle est sollicitée par le Grand Orient de France, pour participer à des conférences.
A tour de rôle, elle aborde la morale, l’histoire, la littérature, le droit de l’enfant, le rôle du clergé dans la société, la femme, etc…
Certaines de ses idées sont reprises dans des propositions de loi, comme l’électorat des femmes dans les tribunaux de commerces ou les droits civils des femmes.
Maria est une anticléricale farouche. Elle adhère à La Libre Pensée où elle fonde et anime une section car, pour elle droit des femmes et anticléricalisme sont indissociables. Elle met de la verve à rappeler le sort des femmes dans les différentes religions, dont le christianisme :
"Le christianisme fait peser sur la femme la plus grande part de la responsabilité dans la faute originelle […] En m’avançant dans les vieux récits, je découvre une faute, une transgression à la loi éternelle dont la femme se serait rendue coupable …""
Le 14 janvier 1882, s’ouvre pour Maria Deraismes une période nouvelle. Les frères de la loge “Les Libres Penseurs du Pecq” décident dans l’enthousiasme de l’initier, sachant qu’ils transgressent un interdit de taille.
Mais la portée de cette initiation est autant politique que symbolique.
La cérémonie donne lieu à une grande fête, sous les auspices moraux de Victor Hugo et de Louis Blanc, au cours de laquelle Alphonse Houbron fait tirer huit santés.
Le scandale est énorme et ébranle la maçonnerie masculine. Alphonse Houbron est désavoué et la Loge est fermée.
Georges Martin, un médecin féministe, conseiller général (radical de gauche), initié dans la loge Union et Bienfaisance au Rite Ecossais Ancien et Accepté, constate que les obédiences ne pourront s’ouvrir aux femmes ; il faut donc couper avec la maçonnerie masculine.
Avec Maria Deraismes, il fonde en 1893, une obédience nouvelle : La Grande Loge Symbolique Ecossaise de France, Le Droit Humain, appelée à devenir l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain.
Maria Deraismes ne voit que les prémices de son œuvre car elle décède le 6 février 1894 en laissant ce message:
«Je vous laisse le Temple inachevé, poursuivez, entre ses Colonnes, le Droit de l’Humanité.». Elle est enterrée civilement au cimetière de Montmartre."